Maroc : Zahira, symbole de l’immense défi éducatif à relever
Nous sommes en 2015, et pourtant, à l’issue de l’école primaire, moins d’un enfant marocain sur deux est capable de lire une phrase correctement. Face à ce constat amer qui illustre l’échec du système éducatif, la société civile marocaine s’organise, à l’image de l’association RIM (Relais Instruction éducation Maroc) qui agit depuis près de 15 ans pour favoriser l’accès à l’école dans les régions défavorisées.
Publié sur www.opinion-internationale.com le lundi 30 mars 2015
L’Education, véritable talon d’Achille du pays
Alors que des progrès significatifs ont été enregistrés dans de nombreux domaines (économie, pouvoir d’achat, libertés), l’Education reste le véritable talon d’Achille d’un pays où les inégalités demeurent importantes, particulièrement entre les villes et les campagnes. Selon le dernier rapport de l’UNICEF, seuls 70 % des enfants en milieu rural accèdent au collège et à peine 30,6 % au lycée (21,9 % chez les filles). Des chiffres inquiétants qui expliquent en partie le mauvais classement du Maroc en matière de développement humain (129ème rang en 2013 d’après le PNUD, loin derrière la Tunisie et l’Algérie).
Ce retard pris en matière d’éducation peut s’expliquer de différentes façons : conditions d’enseignement très difficiles, enseignants mal formés, éloignement des écoles en milieu rural, subsistance d’obstacles culturels à la scolarisation des filles, enseignement basé sur l’apprentissage par cœur plutôt que sur le développement d’un véritable esprit critique… Certains y voient également une part de l’héritage des années de plomb, pendant lesquelles l’Education fut loin d’être la première des priorités.
Depuis le début des années 2000, les efforts consentis par les pouvoirs publics sont pourtant bien réels, comme en témoignent les nombreux projets menés dans le cadre de l’INDH (Initiative Nationale pour le Développement Humain), initiative d’envergure nationale qui repose sur une approche participative et inclusive, ainsi que sur le ciblage des territoires les plus pauvres. Le Maroc consacre d’ailleurs 5,4 % de son PIB à l’éducation, contre seulement 3,7 % en moyenne pour les pays à indice de développement humain moyen (rapport PNUD 2014).
« Nous pouvons relever le défi si chacun y prend sa part »
Professeur des Universités à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers de Paris, où elle assure également la direction scientifique d’un Institut de recherche en biomécanique, Wafa Skalli fait partie de cette diaspora marocaine qui a à cœur d’agir pour son pays d’origine. Pragmatique, elle impulse en 2001 la création de l’association RIM (Relais Instruction éducation Maroc), qui agit en lien étroit avec les acteurs locaux des régions ciblées, pour répondre aux besoins exprimés par les populations en matière de scolarisation.
Ces actions concernent tant l’aspect infrastructurel et matériel (salles de classe, foyers de jeunes collégiennes, fourniture de vélos aux élèves pour se rendre à l’école,) que des initiatives de plus grande envergure, comme le projet intégré de développement par l’éducation de la vallée d’Imlil, conduit en partenariat avec l’ONG Aide et Action International. En près de 15 ans, l’association a contribué à la scolarisation de plus de 2000 enfants.
Convaincue qu’il n’y a pas de fatalité, Wafa Skalli ne jure que par l’action : « L’Etat ne peut pas tout. Chacun d’entre nous doit faire quelque chose pour permettre à ces enfants d’aller à l’école et d’être scolarisés dans de bonnes conditions. Nous sommes une association de taille modeste mais avec l’ensemble des bénévoles de RIM, jeunes et moins jeunes, français amis du Maroc, marocains et binationaux, déterminés à faire avancer les choses, nous faisons notre part du travail. Si chacun s’y met, si chacun donne un peu de son temps, de son énergie, de sa compétence, ou/et contribue financièrement, alors ce pays relèvera le défi. »
« Sur le chemin de l’école » : de la misère à l’espoir
Cette énergie, Zahira n’en manque pas. Comme Jackson, Carlos et Samuel, cette fillette de 12 ans, originaire de la vallée d’Imlil, effectue un véritable périple pour se rendre à l’école, où elle passe la semaine dans un foyer grâce à l’action de RIM et ses partenaires. C’est le courage et la détermination de ces quatre enfants que Pascal Plisson a choisi de mettre en lumière, grâce au film documentaire « Sur le chemin de l’école », tourné au Kenya, en Argentine, en Inde et au Maroc. Mêlant tendresse, humour et intelligence, sur fond de merveilleux paysages, ce film connut un succès unanime en France, avec plus d’1,2 million d’entrées et le César du meilleur film documentaire obtenu en 2014.
L’association RIM s’appuiera ce mardi sur la diffusion de cet excellent outil de sensibilisation pour organiser une table-ronde sur le soutien à l’Education au Maroc. En partenariat avec la Fondation Maison du Maroc, cette projection-débat se déroulera à la Cité Universitaire de Paris, en présence du réalisateur Pascal Plisson et d’intervenants de qualité. De belles émotions en perspective, mais également une belle occasion pour réfléchir, sensibiliser et dialoguer, car comme le disait Nelson Mandela, « l’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde. »
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